L’Apple face à un défi : la protection du suivi iOS menacée par l’UE – une situation complexe
Apple est dans une embrouille avec l’Union Européenne. Sa fonction de protection des données sur iOS, le fameux App Tracking Transparency, est sous le coup d’enquêtes pour abus de position dominante. Cette histoire est loin d’être un simple coup de gueule entre techs, elle touche au nerf de la guerre : le suivi publicitaire et la confidentialité.
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Apple, l’UE et la bataille autour du suivi sur iOS
Depuis 2021, Apple impose aux applis de demander la permission avant de suivre les utilisateurs sur plusieurs apps et sites. Sur le papier, c’est une mesure béton pour la protection des données, bien en phase avec le RGPD. Pourtant, cette fonction, plébiscitée par les défenseurs de la vie privée, est décriée par les régulateurs européens qui estiment qu’Apple joue perso.
Le problème, c’est qu’Apple garde la main sur la publicité interne via les données collectées sur l’iPhone. Les tiers doivent quémander une autorisation qui est bien souvent refusée, tandis que la firme à la pomme s’arroge un accès privilégié. Résultat : un doute sérieux sur la neutralité et la concurrence sur le marché des applications mobiles.
En 2025, la France a même sorti une amende de 150 millions d’euros, reprochant à Apple de compliquer délibérément l’accès au suivi publicitaire pour ses concurrents. De son côté, l’Allemagne a pointé un dossier similaire. Apple menace de couper l’accès à ce suivi en Europe si ces pressions continuent.
Le cœur du système : l’App Tracking Transparency et son impact
Avec iOS 14.5, le suivi publicitaire a changé de visage. Avant, les applications récupéraient sans vergogne des données utilisateurs via l’IDFA. Ce identifiant est censé être une clé pour offrir de la pub ciblée, mais c’était la foire à l’exploitation. Apple a dit stop : maintenant, il faut demander l’accord explicite de l’utilisateur.
La majorité a dit non au tracking. Ça a planté pas mal d’acteurs du secteur, notamment Facebook qui a vu sa manne publicitaire fondre de plusieurs milliards. Apple, lui, garde ce contrôle en interne et continue à utiliser ses propres données pour alimenter ses plateformes comme l’App Store ou Apple News.
Le RGPD encadre tout ça sévèrement, mais la frontière entre protection des données et abus de position dominante reste floue. Ce conflit illustre la difficulté de réguler un écosystème où un même acteur est régulateur et concurrent.
Les inquiétudes des autorités européennes face au modèle d’Apple
Les autorités voient dans la gestion du suivi publicitaire une manière pour Apple de s’assurer un avantage déloyal. D’abord parce que le consentement utilisateur est rendu compliqué pour la concurrence, ensuite parce qu’Apple ne partage pas les mêmes règles clé en main. C’est l’ombre d’un monopole numérique qui plane.
Le Bundeskartellamt en Allemagne et l’Autorité française de la concurrence ont mis le doigt sur ces pratiques et exigent une égalité de traitement. En clair, Apple ne peut pas à la fois promettre la confidentialité à ses utilisateurs et trafiquer son propre système pour favoriser ses services. Question épineuse, la clé des données privées est devenue un enjeu majeur.
Ce bras de fer est symptomatique du mal européen à imposer un game-plan clair à des géants comme Apple, avec un mix délicat entre règles anti-concurrence et exigences RGPD. Pas simple de trancher sans handicaper la confidentialité.
Quelles conséquences pour les utilisateurs d’iPhone ?
Pour le moment, rien ne bouge côté utilisateur. L’App Tracking Transparency reste active en Europe, et les applis doivent toujours demander la permission. Si Apple coupe ce système, cela signifierait qu’encore plus d’applis pourraient suivre sans contrôle, même si le RGPD limite toujours cette capacité.
C’est un scénario qui inquiète. La bataille entre anonymat, transparence et publicité ciblée se joue là, avec la vie privée des consommateurs en plein milieu. La frontière entre confort d’utilisation et surveillance fine est ténue. Cette histoire est un miroir de ce que sera l’Internet de demain.
Au final, c’est un vrai sujet pour la tech : comment garantir un fonctionnement du marché juste sans sacrifier la protection des données ? Apple, l’UE, Google et les autres mastodontes doivent trouver une voie commune.
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